Mon corps, mon excès de poids et moi.

Comme chaque matin depuis la puberté, en sortant de la douche, je jette un coup d’œil dans le miroir pour le voir. Quelque chose m’interpelle, je déroge à la coutume, le « coup d’œil » se prolonge, je reste longtemps à l’observer… Il y a là un je-ne-sais-quoi qui me parait anormal, inhabituel… Je fais demi-tour pour l’observer de profil, puis un tour complet pour voir l’arrière. Des bourrelets ! Du gras partout ! Je ne reconnais plus mon corps, il n’est plus le même ! Non, ce n’est pas moi.

Avec un calme imperturbable, je l’essuie délicatement, puis je lui mets  une chemise de marque, car j’aime lui faire plaisir, le vêtir comme il faut, et un pantalon que j’ai commandé sur un autre continent. Comme à un bébé, je lui enfile tout ça et je le regarde encore une fois dans le miroir. Un ventre bien saillant ! Mon Dieu, je suis enceinte ! Non, je fais très attention, je ne risque pas de l’être. Donc, on m’a bernée, on m’a refilé des vêtements de mauvaise qualité ! Non, je suis une fidèle cliente de ces magasins de grande enseigne, ils ne me feraient jamais une chose pareille ! Je me dénude, je le regarde à nouveau : « Qu’est-ce qui t’arrive, mon ami ? Comment  a-t-il pu s’emparer de toi, cet excès de poids, sans que je m’en rende compte ? Pourtant, j’étais toujours aux petits soins pour toi ! Mais ne panique pas, ne stresse surtout pas, cela ne va qu’aggraver la situation. Je vais te débarrasser de tout ce poids, mon corps chéri ! Je n’ai que toi, si ce vilain prend possession de toi, où irai-je camper, moi ? »

Comme nous le savons tous, on ne négocie pas avec un colon. Un occupant, on le boute hors de chez soi, « basta » ! Car si on le laisse plus longtemps sur notre territoire, il prendra ses marques, ses repères, ses habitudes, deviendra le maître, nous soumettra, nous commandera, nous enfoncera dans un gouffre, et il nous sera de plus en plus difficile de s’en débarrasser.

Pour l’excès de poids, cet intrus, il n’existe pas de solution miracle. Il n’y a pas de cachet que je puisse prendre et qui, en deux heures, aurait brûlé trois mille calories. Pourtant, j’aurais bien aimé que ce soit le cas… Il n’y a pas de médecin ou nutritionniste qui détienne une potion magique. Il n’y a pas de forums proposant des solutions phénoménales. Non, pour anéantir l’envahisseur, il faut trois choses primordiales que ni les médecins, ni aucun autre spécialiste ne peuvent donner ou prescrire : la volonté, encore la volonté et toujours la volonté. Et quoi d’autre ? Le sport. Et puis quoi d’autre encore ? L’alimentation. Je ne me prive de rien, mais j’applique mon régime M.L.M.

Le matin, le corps a besoin d’énergie, et il a toute la journée pour la dépenser. Donc, au petit déjeuner, je ne me prive pas. À midi, je prends un bol de légumes crus et un seul fruit mixé, à quoi j’ajoute une petite cuillerée de vinaigre. Après, je passe à table avec ma famille, en me servant des mêmes mets qu’elle mais en appliquant mon régime M.L.M. Avant 16 h, je prends des aliments qui me font plaisir, mais tout en respectant ma méthode. Je ne prends plus rien après. Je cherche ce qui est bien et ce qui ne l’est pas pour mon corps qui, quand même, a vécu déjà plusieurs décennies, qui a donné des vies, qui a été confronté à une multitude d’épreuves, a pleuré, gémi, ri, a fait et s’est fait plaisir, a relevé des défis, a connu des échecs et des réussites, est tombé, s’est relevé, est retombé, s’est relevé encore…. Je privilégie les fruits qui contiennent un taux élevé d’acidité. Je bannis les plats industriels, les gâteaux… Oui, il y a du sucre dans presque tous les aliments, à doses plus ou moins importantes, donc ce n’est pas la peine que je gobe du sucre industriel. Et puis, il y a le miel. Le sucre, aussi doux qu’il soit, ne fait qu’accélérer l’oxydation des cellules ; les rides apparaissent alors plus vite. Le sucre, aussi doux qu’il soit, est la seule nourriture des cellules cancéreuses, vrai ou pas, allez vérifier… Le sucre, quand le cerveau en réclame, et nous ne le lui envoyons pas, il transforme alors le gras du corps en glucose et s’en sert, vrai ou pas, allez vérifier… Parfois, quand j’ai un petit creux, je prends, par exemple, trois radis ou deux feuilles de salade, ou un verre d’eau avec une petite cuillerée de jus de citron… Excuse-moi, mon corps, j’étais toujours aux petits soins pour toi, mais je n’ai jamais cherché à savoir comment tu fonctionnes, de quoi tu as réellement besoin. Et enfin, le sport… Malheureusement, mon corps n’aime que marcher ; je l’emmène alors en plein air, dans la forêt, et nous faisons tous les deux un très long parcours. Un jour, il me dit qu’il ne veut plus sortir et qu’il préfère rester à la maison. Je lui achète alors un tapis de marche électrique. Quand mon corps commence la séance de sport, j’ouvre la fenêtre pour lui donner plus d’oxygène, je mets de la musique, je lui chante des chansons pour le divertir, pour qu’il ne s’ennuie pas, pour qu’il ne demande pas à descendre du tapis… Parfois, j’évoque avec lui de bons souvenirs, ce qu’on appelle « penser à haute voix » ; nous éclatons de rire tous les deux, comme des fous, et nous ignorons la présence de l’excès de poids. Après une semaine, l’intrus commence à décliner. Mon corps chéri, qui a montré tout au long de ma vie fidélité, endurance, équilibre, commence à se retrouver.

Après quelques semaines, je le regarde dans le miroir, de face, de profil et de derrière, je souris et lui murmure : « Alors, qu’est-ce que tu penses de toi, maintenant ? J’ai bien fait de corriger mes erreurs. C’est moi qui ai ouvert la porte à l’ennemi, c’est moi qui ai permis inconsciemment à l’excès de poids de t’envahir, et c’est à moi de le foutre dehors avant qu’il ne te métamorphose pour, enfin, te détruire. » Je suis fière de moi, je m’aime. Je suis bien arrivée à mon but sans panique, sans stress. Au contraire, c’est dans la joie et la bonne humeur que j’ai fait la guerre à ce mauvais que tout le monde craint. D’ailleurs, aucun malfaisant ne peut nous tourmenter, mon corps et moi. Nous sommes bien soudés. Il faudrait à tout mauvais, quel qu’il soit – cellulite, excès de poids ou autre – des années-lumière pour me déstabiliser, m’atteindre, et, d’ici là, le monde aurait pris un autre cours, meilleur sûrement. La médiocrité, la cellulite, l’excès de poids, la haine, la jalousie, les mauvaises personnes que je ne mettrais même pas dans ma poubelle de crainte qu’ils la salissent, seraient éradiqués de cette Terre, et compteraient parmi les disparus. Un problème est une épreuve, mais aussi un défi.

                                                                

  • Auteur : Rmili Fatiha
  • Date de parution : 22/01/2018
  • Thème : La santé
Vous avez aimé ce texte, partagez-le !
FacebookTwitterGoogle+