Les quatre saisons

Les saisons étaient installées dans le cocon de l’année, lorsque tout à coup l’hiver pointa son nez dehors, Il mit un pied, puis un autre, bâilla un bon souffle de vent, et plouc, plouc, les premières gouttes de pluie tombèrent. Les autres saisons, encore à l’intérieur, le regardèrent, puis le printemps s’exclama :

– Tant mieux que tu sois sorti, sinon tu nous aurais trompés !

L’été dit à son tour :

– Tu n’inspires aucune gaieté, bon débarras. Méchant que tu es, allez va, tu détruis tout sur ton passage, tu fais déborder les fleuves, les rivières, et même les ruisseaux n’échappent pas à ta pluie torrentielle. Tu immerges les champs d’eau, et tu empêches les enfants de sortir dans la cour pendant les temps de récréation. Parfois, ils s’abritent sous le préau, et restent les pauvres petits à te regarder faire des flaques d’eau, sans qu’ils n’aient le droit de patauger dedans.

Puis vint le tour de l’automne, embarrassé par cette sortie imprévue de l’hiver :

– Tu ne me donnes même pas le temps de dénuder tous les arbres de leurs feuilles, que tu es déjà là. Tu ne laisses même pas le temps aux mamans d’acheter les manteaux, les écharpes, les bottes, les gants, les bonnets pour protéger leurs enfants de toi… Oh là là ! ta présence ne rend personne heureux.

Le printemps tout beau, enchaîna :

– Et puis, le bois pour la cheminée, les saleuses pour débarrasser les routes principales de tes flocons de neige… Parfois les bus scolaires ne font pas le circuit, pour déposer les enfants à leurs écoles…Oh là là ! qu’est-ce que tu es nuisible.

Et l’hiver très en colère, cria par un coup de tonnerre :

– Vous avez oublié que c’est  moi qui arrose les champs. À mon arrivée, les fleurs, les arbres et de toutes les plantes revivent, les barrages se remplissent. Quand je suis là, grands et petits se font un très grand plaisir en formant des bonhommes de neige, sur les Places et les jardins. Les perce-neige embellissent les champs, les skieurs retrouvent la joie de glisser sur les montagnes. Ah, je ne suis pas d’accord avec vous, je m’en vais.

Et il s’en alla hurlant un souffle de vent impressionnant.

Le temps se calma…

Tiens, des rayons de soleil… Le printemps tout doux sortit du cocon, avec des perles de rosée sur le front et des fleurs en mèche sur la tête, se balançant avec la brise du matin. Il ne put même pas faire un pas, qu’il entendit  alors l’été se moquer :

– Regardez comment il se pavane ! Il fait le fier chaque fois qu’il est là. Méfie-toi, l’hiver peut t’envoyer une gelée, de la grêle, et tous tes bourgeons seront figés… Un épanouissement inaccompli, ha, ha, ha.

– Vas-y continue, bourgeonne, fais des feuilles aux arbres, mais ne te fatigues pas trop, je passerai pour tout arracher, ton ouvrage fascinant ne sera plus que beauté éphémère, accentua l’automne jaloux de l’épanouissement de cette belle saison.

 

Vexé par ces propos, le printemps dit :

 

– Méchants que vous êtes. Je mets des couleurs aux plaines avec mon beau pinceau, je peins d’éblouissants paysages. Les champs ne sont en ma présence qu’un joli tapis multicolore. Les animaux qui hivernent sortent de leurs cachettes, les petites pousses apparaissent, les oiseaux migrateurs reviennent. Je fais le bonheur des agriculteurs et des enfants. Que voulez-vous de plus, hein ?

Et il cueillit une fleur et s’en alla…

– Bon débarras, dit l’été, pressé de se montrer, avec sa chaleur qui dore les épis et mûrit les fruits.

 

Fâché d’être le dernier, l’automne cria :

– Quelle confiance ! Dès ton arrivée, les écoles ferment leurs portes, les enseignants sont priés de quitter leur poste jusqu’à ton départ. Les bouchons sur les routes, les mamies et papys sont appelés en renfort pour garder les petits. Tu fais pire qu’une tempête.

 

À entendre ces mots, l’été se défendit :

– Ah non, à mon arrivée, les enfants sont contents d’aller patauger dans les petites vagues, et construire des châteaux de sable sur les plages. Les enseignants n’attendent que mon apparition pour se reposer du bruit des enfants, de l’orage de l’hiver et du soleil printanier qui ne réchauffe pas. Ils sont souvent obligés de mettre les dernières bûches qu’ils ont économisées, dans la cheminée. Mais puisque tu vois les choses ainsi, je m’en vais, hein !

– Bon débarras, répondit l’automne, et il  fit ses premiers pas dehors.

Plus aucune saison n’était là pour lui faire des remarques. Il se sentit seul, s’ennuya, puis se releva avec un bon coup de vent, en appelant les enfants : « Allez, finies les vacances, retour à l’école ! » Et il commença à arracher les feuilles des arbres pour montrer aux enfants, qu’il était le plus fort, et que c’était lui qui décidait pour la rentrée scolaire.

L’année qui les écoutait depuis des mois, et ne disait rien, les convoqua. Dans une journée, il y avait l’hiver avec quelques gouttes de pluie et quelques nuages, le printemps qui s’était présenté dès le matin, avec une chaleur douce, l’été arrivant juste à midi, avec un soleil bien portant, au beau milieu du ciel, et enfin, l’automne répondant à l’appel avec un grand souffle de vent, qui fit arracher les feuilles des arbres. L’année les raisonna :

 – Je ne suis pas content de ces méchancetés que vous êtes en train de vous lancer. Vous êtes là pour travailler en bonne harmonie, pour vous compléter. Aucune saison ne peut faire un travail sans l’aide de l’autre. Et puis venez là, est-ce que vous pouvez rester toute l’année seules ? La pluie ou le beau temps durant douze mois, c’est fatiguant non ? Quel exemple vous donnez aux enfants ! Allez, soyez unis, je ne veux entendre aucune querelle, et passons une bonne année scolaire !

Et depuis ce jour, les saisons ne se disputent plus, elles se donnent la main, et chacune vient à tour de rôle : l’hiver suivi du printemps, puis l’été et enfin l’automne. Les enfants, faites de même à l’école, ne vous disputez pas, aidez quand un de vos camarades a besoin de vous…

 

  • Auteure : Rmili Fatiha
  • Illustration : Hamza 
  • Date de parution : 19/03/2017
  • Thème : Les saisons/ L’école/ Vivre dans une bonne ambiance
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