Lettre d’Adieu d’un soldat. Partie II

Une fois engagé, le visage de ma mère attristé, celui de mon père, de ma compagne et de mes proches ne me quittaient plus. Leur séparation me tenaillait l’âme, mais je me renforçais ma détermination en me disant que c’était pour eux que j’étais là. L’ennemi s’approchait avec assurance, avec un arsenal de guerre. Il projetait de nous anéantir, nous vaincre et détruire la souveraineté de notre patrie. Il n’en était pas question ! Je ne voyais plus devant moi que ma responsabilité, mon devoir de citoyen, et je me lançai comme tous mes frères de guerre vers le front… Mon arme à la main, je ne craignais ni pour ma vie, ni pour celle des autres soldats. Je ne ressentais ni peur ni pitié envers l’ennemi. Je n’avais qu’une seule pensée : « Comment oses-tu nous faire la guerre ? Ne connais-tu pas assez ma patrie ? Ignores-tu qu’elle a engendré des hommes aguerris ? N’as-tu pas entendu que tout son peuple, hommes, femmes, enfants et vieillards se soulèveront, si un imbécile, tente de toucher à un de ses arpents, à un fil de son drapeau ? L’Histoire peut t’en dire plus… » Entre les balles qui me frôlaient, les obus qui soulevaient une gigantesque poussière, je restai un fidèle combattant, je ne craignais pas de perdre la vie, qu’elle aille au diable, si je ne réussis pas à protéger ma patrie et sa souveraineté. Nous avancions pour repousser l’ennemi qui réalisa qu’il était confronté à une armée robuste, invincible, et commença à se retirer, à demander chaque fois du répit pour se réorganiser. Je sentis mes vêtements mouillés, mais je persévérai dans le tir des balles sans pitié. Après un bref instant, une vague fatigue s’empara de moi, je vis les images en double et en baissant les yeux, je constatai que mon pied était touché, et le sang sortait à flot de mon thorax, comme s’il tenait à être témoin oculaire de ce patriotisme, de cet amour pour la nation. Je refusai de m’arrêter, je priai pour qu’on me laisse affronter l’ennemi, l’anéantir, lui donner une bonne leçon, pour qu’il ne pense plus jamais à nous faire la guerre, qu’importe ma vie devant l’honneur de ma patrie ?!

Je finis par comprendre qu’il fallait que je me soigne pour donner plus, pour aller loin…

Le deuxième jour, ma force commença à se dégrader, je sortis un papier que je rangeais avec soin dans ma poche et j’écris à ma mère, mon père, ma compagne, mon fils et à tous mes compatriotes : « J’ai donné, comme une centaine de militaires, la vie pour la liberté de la patrie, je vous passe le flambeau, gardez-le allumé, la souveraineté de notre pays vaut plus que notre vie. Ne pleurez pas, applaudissez, ne soyez pas tristes, continuez à être heureux, le soldat ne meurt pas, il reste vivant, il vous voit, veille sur vous, et il est satisfait d’avoir arrosé sa patrie de son sang. » Je confiai la lettre au journaliste qui nous accompagnait, lui demandai de la publier, afin qu’elle ne finisse pas dans un tiroir chez mes parents, mais dans la mémoire de tout citoyen, et j’attendis que l’âme quitte ce corps criblé de balles, ce corps qui a infligé aux ennemis, une perte considérable  avant qu’il ne repose en paix… 

Fidèle, à toi je resterai toujours fidèle, sacrée patrie…

  • Auteur : Rmili Fatiha
  • Date de parution : 19/03/2017
  • Thème : Patriotisme/ L’engagement/ Militaire
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