Mattéo, le jeune matelot

Mattéo était un jeune matelot. Il naviguait au beau milieu de la mer, profitait du soleil pendant toute la journée, s’amusait à regarder loin, très loin avec ses jumelles, pour voir mer et ciel se toucher à l’horizon, et contemplait l’envoûtant coucher le soir. La nuit, il installait un hamac sur le pont et observait les étoiles. Entouré d’eau, il se voyait comme une miette de pain dans un bol de chocolat.

Un jour qu’il était en train d’admirer la mer, il vit des pêcheurs sur un grand bateau, vraiment très grand, pêcher d’énormes poissons, leur couper les ailerons et les remettre à l’eau. Quels impitoyables pêcheurs ! Quel gâchis !

Fou de colère, il se précipita comme une petite fusée, voir le commandant qui n’était que son papa :

– Papa, Papa, as-tu vu ce que font les marins du grand bateau ? Ils pêchent de gros poissons, leur coupent les ailerons et les rejettent à l’eau, mutilés, mais encore vivants.

– Oui, ces poissons sont des requins mon fils. Certains insouciants ne s’intéressent qu’à leurs ailerons.

– Qu’est-ce qu’ils font avec ?

– Ils les vendent aux restaurateurs pour faire de la soupe.

– Quoi, juste de la soupe ?

– C’est malheureux de le dire, mais c’est comme ça.

– Et personne ne dit rien ?

– Ne te préoccupe pas mon fils, si les défenseurs de la nature n’ont abouti à rien, ce n’est pas toi, encore petit qui arrivera à interdire le massacre de ces pauvres bêtes.

La nuit, Mattéo, le malin jeune matelot descendit dans la cabine, se mit au lit, essaya de s’endormir, se retourna à gauche, puis à droite, mais impossible de fermer l’œil. Chaque fois que ses paupières se fermaient, les requins surgissaient devant lui, appelant au secours et demandant pitié.

Il se releva, se connecta à Internet et commença à se renseigner, à se renseigner. Il se mit en relation avec les gens qui défendaient ces pauvres bêtes. Ils l’informèrent que toutes leurs démarches étaient vaines, qu’ils avaient exploité toutes les issues, qu’ils avaient déjà fait appel aux gouvernements, et avaient averti les gens qui les pêchaient, des conséquences de leur comportement, les avaient empêchés plusieurs fois, mais sans résultat…

Mattéo perdit espoir un bref instant, puis se ressaisit : « À quoi sert Internet s’il n’abrège pas les distances, s’il ne nous permet pas de faire des choses intéressantes ? Il n’y a pas que les jeux virtuels, il n’y a pas que les recettes de cuisine sur ces moteurs de recherche, il n’y a pas que le bavardage interminable avec les internautes. Non, il faut trouver des gens qui peuvent m’épauler ». Il demanda alors l’aide à tous ceux qui sont contre un tel massacre, fit appel à d’autres personnes pour qu’elles fassent passer les messages. Et dès le lendemain, lorsqu’il vit les bateaux monstres en train de pêcher les pauvres requins, leur arracher les ailerons et les rejeter à l’eau impitoyablement, il les filma…

Une fois sur la terre ferme, le jeune matelot écrit aux autorités, les informa de ce qu’il avait vu, mais malheureusement, son courrier resta sans suite…Déterminé, il envoya des lettres de sensibilisation aux restaurateurs, leur demanda de ne plus acheter ce bout de chair, leur suggéra d’autres recettes, plutôt leur proposa de chercher un substitut aux ailerons de ces pauvres poissons. Et cette fois encore, son projet tomba à l’eau…

Très en colère, Mattéo décida de mener une manifestation brutale, afin qu’il se fasse entendre. Mais la nuit, dans son rêve, il vit un petit requin tout en sang, le prier : « S’il te plait, la violence est l’arme des faibles d’esprit, s’il te plait, cherche une solution intelligente et efficace ». Il ouvrit les yeux, n’arriva plus à se rendormir et réfléchit jusqu’au matin. Après qu’il ait pris son petit-déjeuner, il informa ses amis qu’il avait changé d’idée.

Il réalisa plusieurs courts métrages, montrant comment ces pauvres bêtes étaient tuées, pour un bol de soupe, demanda l’aide des mareyeurs, qui répondirent favorablement à l’appel, et lui livrèrent les coordonnés des clients de leur restaurant.  Mattéo envoya à ces derniers les enregistrements, pour les avertir qu’ils participaient inconsciemment à cette inhumanité. 

Enfin, les consommateurs comprirent qu’il ne fallait pas tuer un animal, pour se servir juste d’une partie : un aileron, une corne ou des pattes, et refusèrent  de prendre ces bouillons...

 

“L’histoire est écrite du propre imaginaire de l’auteur. Aucune personne n’est désignée”

  • Auteure : Rmili Fatiha
  • Date de parution : 19/03/2017
  • Thème : Les animaux marins/ La mer/ Prendre une décision / Le civisme
Vous avez aimé ce texte, partagez-le !
FacebookTwitterGoogle+