Les racines du mal -1-

« … Avant d’apprendre à vos enfants à se défendre, apprenez leur, s’il vous plaît, à se respecter, à respecter l’autre. Ne vous sentez pas tranquillisé, parce que vous avez remarqué que votre enfant sait se défendre. Est-il vraiment en train de se défendre, ou harcèle-t-il un autre enfant à qui les parents inculquent justement la tolérance ? Est-ce une façon pour lui de s’affirmer, de connaître ou découvrir ses limites ? Non, ce n’est pas à l’établissement scolaire ou aux autorités de résoudre ce problème. La faille se trouve chez-vous, et le corps éducatif ne va pas se mêler ou s’immiscer dans l’intimité de chaque famille pour voir ce qui ne va pas. Mais il peut cependant vous prévenir du comportement de votre enfant.

Sachez, chers parents qui trouvez (ou qui croyez) que votre enfant a du caractère, qu’il est, peut-être, en train de détruire un autre enfant et, pire encore, à entraîner d’autres enfants à agir de même. Ce gamin que votre enfant est en train de détruire pourrait être le vôtre ! Imaginez ! Que peut-on attendre, dans le futur, d’un enfant détruit psychologiquement dès sa prime enfance ? Que deviendra-t-il ? Un adulte souffrant, gardant des séquelles psychologiques durant toute sa vie, alors que vous, peut-être, aurez quitté ce monde. Qu’aurez-vous laissé derrière vous ? Un adulte destructeur et un autre détruit ? « Tout se passe bien chez-moi. Mon enfant n’a aucun problème ». Et si c’est lui qui en cause, des problèmes, et ne vous en parle même pas ? Si vous tolérez que votre enfant en harcèle un autre, vous êtes complice ! Ne pas mettre les points sur les « i », c’est comme si, voyant votre enfant voler, vous vous disiez : « Du moment où on ne l’a pas volé lui… » ou « Du moment où il ne s’est pas fait voler, tout est bien » avec soulagement ou fierté, un orgueil mal placé ou une satisfaction stupide. Comme vous leur enseignez que le vol, le mensonge et le crime sont des délits qu’on ne commet pas, dites-leur que harceler une autre personne, quelle qu’elle soit, constitue une faute grave. Posez-lui la question de temps en temps : a-t-il harcelé un camarade ou s’est-il fait harceler ? Dans les deux cas, ce n’est pas un drame, à tout problème une solution, et il est toujours temps d’intervenir. Il est plus facile d’élever un enfant que de réparer un adulte : les soins ne sont jamais efficaces à cent pour cent. La personne qui a subi du harcèlement ou une violence quelconque ne sera jamais comme celle qui n’y a jamais été confrontée, malgré l’accompagnement ou les soins.

Je vous comprends, chers parents. Ne pensez pas que je sois à mille lieues de ce qui se passe ou de ce que vivent vos enfants. Vu le temps que j’ai passé auprès de ces petit bouts de chou ou de ces ados qui ont besoin de plus d’attention et d’accompagnement, afin de devenir des adultes épanouis et sans complexes, j’estime être bien placée pour vous faire part de mon expérience : Pendant une dizaine d’années, j’ai eu l’occasion d’observer et d’apprendre… Je comprends votre angoisse à l’idée que votre enfant soit harcelé, maltraité, malheureux, qu’il n’arrive pas à se faire des copains ou des copines, qu’il soit rejeté ou marginalisé et que vous redoutiez qu’il garde tout ça pour lui, et ne vous en parle pas ! Mais avez-vous inversé la courbe ? Avez-vous pensé que votre enfant est en train de devenir méchant ? Qu’il est en train de suivre un élève partout, d’empoisonner la vie d’un enfant sans vous en parler ? Lui avez-vous posé la question ? Aucun enfant ne dira ouvertement : « Je suis en train de harceler X ; je suis trop content ». Non, le harcèlement n’est pas un jeu !

Et pourquoi les parents ne sont-ils pas punis, quand ils commettent la bêtise de ne pas expliquer à leur enfant, ce qu’est faire du mal à l’autre par plaisir ? Vous n’avez donc rien vu de vos propres yeux ? Non, votre enfant ne ferait jamais une chose pareille ! Non, c’est l’autre qui lui a dit ou fait, alors que lui, il a juste fait ou a seulement dit… ? Comme vous êtes nombreux à penser la même chose ! Combien de fois ai-je entendu cette réponse, durant mes années passées dans les établissements scolaires, surtout quand les parents sont convaincus que défendre son enfant est un devoir. Non, chers parents, votre enfant, comme n’importe quel autre peut, un jour avoir ce comportement, qui pourra vite être corrigé grâce à votre intervention. Comme on apprend à l’enfant comment prendre sa cuillère, comment parler, comment marcher, il arrive l’âge où l’on entame la seconde étape de l’apprentissage  : ne pas dire de gros mots, ne pas crier pour dire ce qu’on pense, trouver les mots justes et bons pour transmettre un message, ne pas violenter quand l’autre n’est pas d’accord, ne pas encombrer la vie de l’autre, ne pas harceler un camarade de classe ; et, dans le cas où on se sent harcelé, il faut tout de suite en parler aux parents. Quand cela arrive, les parents du harceleur doivent être informés, doivent se montrer civiques et discuter le problème jusqu’à ce qu’il soit résolu, afin de laisser à la société, des adultes équilibrés sans séquelles…Sinon, dans les deux cas, il y aurait « le harceleur », une personne destructrice, ce qui n’est pas normal, et « le harcelé », un adulte souffrant de  séquelles, ce qui n’est pas normal non plus. Voilà de quoi sera constituée la société que vous allez laisser derrière vous, chers parents. Pourront-t-ils avancer ensemble ? Pourront-ils défendre leur patrie des invasions ? Non, car le premier cherchera à reprendre confiance en lui et à s’imposer et le second, d’un orgueil maladif, voudra conserver sa supériorité. Ils passeront leur temps à se disputer, à se faire du mal, alors même que le pays sera en train d’être saccagé, violé.

Je ne suis ni psychologue, ni sociologue, je vous parle après de longues années passées dans les établissements scolaires. Je pars de ma propre expérience, et si j’ai dit des choses déplaisantes, je m’en excuse, car, loin de vouloir harceler qui que ce soit… En plus, nous n’avons pas besoin d’être diplômé en sociologie ou en psychologie, ou autre, pour comprendre la gravité de ce qui arrive à nos enfants. Voir aux informations qu’une fillette de douze ans s’est suicidée à cause du harcèlement moral subi au collège, est une preuve que les choses vont mal, et qu’il est temps d’agir… La parole est libérée, si vous avez des suggestions, des idées, n’hésitez pas à en faire part en public, dans des commentaires…»

Je reviendrai vers vous, dans une autre lettre : Les racines du mal -2-

  • Auteur : Rmili Fatiha
  • Date de parution : 03/12/2017
  • Thème : Le harcèlement 
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