Un tout petit mensonge, un très grand ennui

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Dans un village tranquille où il faisait bon vivre, habitait un petit garçon que je surnommerai Eliott. Je vous dirai à la fin, pourquoi j’ai choisi de ne pas divulguer son prénom.

Eliott se croyait le plus intelligent de tous les villageois, grands et petits, et trouvait plaisir à leur raconter des choses qui n’étaient pas vraies. Il disait par exemple, qu’il était né quand l’arc-en-ciel était encore en noir et blanc, qu’il était au chevet de la mer morte pendant toute son agonie, qu’il avait donné un coup de pied à la tour de Pise en Italie, ce qu’il l’avait fait pencher, qu’il avait planté son crayon à papier dans le museau du rhinocéros, ce qu’il lui avait fait une corne, qu’il transmet de père en fils,  que pendant son voyage  en Allemagne, il avait aspergé tout un étendu avec de l’encre noire, d’où l’appellation ‘Forêt-Noire’ de cet endroit, etc. Qu’est-ce qu’il était pénible ce garçon.

Eliott ne pouvait renoncer à cette manie, raconter des choses insensées, et qui n’avaient rien de véridique. Quand il s’ennuyait, il réfléchissait un bref instant, une idée très surprenante  lui traversait l’esprit, et il souriait. Il attendait que sa maman s’endorme, et criait de toutes ses forces ; quand elle sursautait et accourait à son secours, il éclatait de rire, car il n’avait rien, mais réussissait à tromper les adultes. Quand son papa rentrait du travail, il lui disait qu’un étranger se cachait sur le toit de la maison, et savourait le temps où il le voyait installer l’échelle, pour chasser l’intrus. Il disait à sa sœur que sa meilleure amie avait eu un accident, et s’esclaffait, en la voyant croire à son mensonge. En classe, il ne manquait jamais de dire à la maîtresse, quand un camarade s’absentait, qu’il avait été mordu par un gros chien ou qu’il s’était fait renverser par une moto, ou même, qu’il s’était noyé dans la rivière située sur le chemin de l’école. Qu’est-ce qu’il était pénible ce garçon !

Un beau matin de dimanche, Eliott se leva comme à son habitude, plein de vie, joyeux, et après avoir pris son petit déjeuner, sortit jouer dans le jardin. Une idée pire que les précédentes lui passa par l’esprit. Il alla dans le garage, s’allongea sur le dos et fit semblant d’être mort. Mais, les choses cette fois-ci ne se passèrent pas comme d’habitude. Un gros rat noir lui sauta aux genoux, le mordit et voulu lui arracher le bout du nez. Eliott se débattit, cria de toute ses forces : « Mamannnnnnn, un rat m’attaque » ! mais personne ne vint à son secours ; il se releva, mit les deux mains sur son visage, car le rat fou de rage ne cherchait qu’à s’emparer de son nez. Il voulut ouvrir la porte de l’atelier pour se sauver, mais ne put le faire, car le rongeur lui bloquait le passage. Il hurla : « Pappaaaaaaaa, je t’en supplie, un rat veut m’arracher le nez ! Papaaaaaaa… » Son papa répliqua : « Arrête tes bêtises Eliott, tu nous as fait pire que ça. Laisse-moi préparer le repas  tranquillement ». Il supplia encore, mais cette fois en sanglots : « Mamannnn, je t’en supplie, je ne mens pas. Un rat s’acharne sur moi, il veut m’arracher le bout du nez ! Mamannnn ». Sa maman qui était à l’étage ouvrit la fenêtre et dit : « Eliott, quand est-ce que tu vas arrêter ? Le mensonge n’est pas un jeu, c’est grave.

Il viendra le jour où plus personne ne te croira, arrête Eliott, et viens plutôt m’aider à donner un bain à ta petite sœur ». Le voisin qui était en train d’arranger le rosier, entendit son appel au secours, se pencha par-dessus la haie, et plaisanta  : « Veux-tu que j’appelle la police Eliott, qu’ils viennent mettre des menottes aux pattes du rat et le conduire au poste ? Allez mon garçon, arrête de mentir. Ce n’est pas bien ce que tu nous fais, farceur », et partit chercher une brouette pour ramasser les fleurs et feuilles fanées.

Eliott réussit enfin à sauter par la fenêtre, il fut transporté dans une ambulance à l’hôpital, car il présentait plusieurs blessures au niveau des genoux et des bras, mais rien de grave. Il avait réussi à protéger le bout du nez des morsures du rongeur, mais après une peur bleue, il apprit une bonne leçon. Il ne faut jamais s’amuser à mentir. Il faut toujours dire la vérité, et juste la vérité pour être un bon citoyen.

En passant mes vacances dans ma deuxième résidence, je croisai Eliott, je m’attendais à ce qu’il me dise qu’il avait vu des voleurs dévaster ma maison pendant mon absence, où avait fait déménager des gens qui la squattaient, mais il ne dit rien de tout cela. Quand je lui demandai pourquoi il ne mentait plus, il me raconta ce qu’il avait vécu, et me pria de ne jamais le dévoiler. Il m’expliqua qu’il avait tourné la page, et ne souhaitait pas qu’on parle de lui. Je lui avais demandé alors si je pouvais écrire son histoire, mais en changeant son prénom ; de cette manière, tous les enfants et les adultes qui tenteraient de mentir, sauraient que le mensonge ne mène nulle part, si ce n’est provoquer des ennuis… Il avait accepté. Merci… Eliott 

 

 

  • Auteure : Rmili Fatiha
  • Illustration : Hamza
  • Date de parution : 19/03/2017
  • Thème : Le bon comportement
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