Une sorcière nourrice

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Thibaud rentra de l’école avec plein d’idées en tête : faire ses devoirs, terminer son dessin, continuer la construction du château en puzzle, mais malheureusement rien ne se passa comme il l’avait prévu. “Ahhhh !” fit-il en franchissant le seuil de sa chambre. 

Zigoulouboumba, la vieille sorcière aux cheveux crépus, au visage à la peau flétrie, aux dents cariées, espacées les unes des autres, au nez où pouvaient se percher deux ou trois oiseaux sans se serrer, deux araignées en guise de boucles d’oreilles, un crapaud ornant le dessous de son cou et un chapeau qu’aucune maman ne voudrait poser sur sa tête, l’attendait patiemment près de la bibliothèque. 

Il avait peur, mais prit son courage à deux mains et avança de deux pas :

–  Alors jeune homme, tu as une bibliothèque bien garnie ! affirma la sorcière en contemplant le contenu des ouvrages.

– Euhhhh, murmura-t-il, ne sachant quoi répondre

– Vous ne dites rien de bien sur moi, hein ?

– Pardon ?!

Elle brandit quatre  livres et interrogea :

– Pourquoi lis-tu ces horreurs, ces menteurs d’auteurs ? 

– C’est maman qui m’a offert le premier, le deuxième, je l’ai acheté dans une brocante, et ces deux-là, je ne sais plus…

– Ah, ah, tu ne sais plus ?! C’est ce que répond chaque petit sorcier quand il veut se déculpabiliser.

– Tu étais en train de nettoyer ma chambre ? Pourtant, je la range toujours avant d’aller à l’école ! questionna-t-il en apercevant un balai dans un coin.

– Non, « petit morveux » ! C’est mon moyen de transport !

– C’est moche, balbutia-t-il.

– Peut-être, il est moche, mais il ne pollue pas l’atmosphère, comme vous le faites avec vos véhicules. Et toc ! répondit-elle en replongeant ses yeux dans un livre.

– Hmmmm !

– Et cela me permet d’admirer tous les paysages. Avec vos voitures qui roulent à toute allure, je me demande ce que vous pouvez voir, à part  des arbres défilant à toute vitesse, ajouta-t-elle.

Thibaud se tut un moment ; la sorcière continua à fouiller dans la bibliothèque, afin de voir comment les illustrateurs la dessinaient, comment les auteurs interprétaient ces illustrations, puis souffla :

– Pauvres insolents, qu’ils  continuent à me faire de tels portraits, et je les métamorphoserai en grenouilles.

– Mais qu’est-ce que tu fais chez moi ? Personne ne t’a invitée ? !

– Tu risques de me voir pendant des mois, je suis ta nouvelle nourrice.

– Comment ?!

– Et je partagerai ta chambre, regarde !

Elle prit sa baguette magique, la pointa au-dessus du lit, presque au plafond, et marmonna une mystérieuse incantation : Tchoun-rabica, elatsni el til  àl, tchoun rabica ! elatsni el til  àl,  et en un clin d’œil, un hamac bien confortable apparut juste au-dessus du lit du jeune garçon.

L‘enfant trouva le tour de la sorcière amusant ; mille idées, les unes plus drôles que les autres lui traversèrent l’esprit, et il sourit :

– Tu peux m’aider à faire mes devoirs ?

Même pas le temps de sortir ses cahiers de son cartable, et les devoirs étaient faits, sans aucune faute en plus. « Wouah ! » dit-il. Il demanda : « Et tu peux terminer la peinture pour la leçon d’arts plastiques ? Tu peux prendre ton temps, je ne dois la rendre que la semaine prochaine. » Avant qu’il n’eût terminé sa phrase, un beau tableau avec une jolie aquarelle apparut sur son bureau. « Wouah ! Tu peux terminer le château de puzzle que j’ai commencé ? Me faire un joli dessin pour la maîtresse ? Tailler mes crayons ? Faire le tri de mes stylos-feutres ? », et aussitôt dit, aussitôt fait et le tout bien sûr avec une grande minutie. Plus aucun « Wouah » cette fois, mais il jubilait de la présence de cette dame ; car Bernadette, l’autre nourrice, se prenait un petit peu pour la maîtresse ou même pour sa maman. « J’ai oublié de te demander si tu pouvais donner à manger au chat, tu sais, ses croquettes sont en bas de l’évier ! »

 « Viens avec moi, nous allons nourrir tout le monde ! » proposa-t-elle en le tirant par le coude.

Thibaud n’en croyait pas ses yeux : un hibou, un crapaud, un chat noir et un corbeau se tenaient tranquilles, chacun dans un endroit de la cuisine, et le plus étonnant c’est que son chat roux ne semblait pas être dérangé par ces intrus. Thibaud entendit un crépitement un petit peu gênant. « Qu’est-ce que cela peut bien être ? » Il s’approcha de la fenêtre, regarda… et, à sa grande surprise, un chaudron était posé au beau milieu du jardin. La sorcière le suivit, jeta un coup d’œil pour s’assurer que les bûches avaient bien pris, leva les yeux, et annonça : « Le ciel nous promet une belle lune cette nuit ! À moi la balade ! » « Tu vas te venger des illustrateurs qui te dessinent comme tu es ? Des auteurs, qui n’écrivent que ce qu’ils voient ? » « Mauvais garçon ! qui t’a mis dans la tête que je suis méchante ? Ah, ces auteurs et auteures, ces conteurs et conteuses, et ces maîtres et maîtresses qui ne vérifient même pas si le contenu des livres est véridique, et commencent à leur tour la propagande. Les fieffés menteurs !  Ils ne perdront rien pour attendre », promit-elle. Un peu plus tard, elle regarda le ciel et sourit en voyant une belle lune toute ronde ornant la voûte sombre. Puis subitement, elle se tourna, son chapeau pivota sur sa tête, et elle proposa : « Tu fais un tour avec moi ? Cela te tente-t-il ? » « Je ne me suis jamais baladé avec une sorcière, encore moins la nuit, et sur un balai, il n’y a même pas de ceinture de sécurité ! » « Tu n’as rien à craindre jeune homme ! » « Mais maman dira non ! » « Qui t’a dit que je demandais des permissions quand je décide quoi que ce soit ! » « Mais elle dira non ! Papa ne sera pas d’accord non plus » « Je leur ai mis un poil de carotte dans leur soupe, et un pépin de courge mariné dans le jus d’une betterave dans leur salade, ils ne se réveilleront pas avant notre retour. Ils sont déjà au lit. » « Oh, donc, je peux ne pas me laver les dents ? Je peux ne pas prendre une douche ? Je peux laisser la fenêtre ouverte la nuit. Je peux… » « Coquin ! Si tu ne te laves pas les dents, quand tu seras grand, elles seront comme les miennes, regarde ! » Et elle ouvrit grand la bouche. « Oh, c’est une vraie catastrophe ! » siffla-t-il. « Et tu fermes ta fenêtre, car tu risques d’attraper froid, et te voilà avec un nez qui coule, et te voilà avec une bouche qui toussote, etc. »

Une fois que les animaux nourris, elle saisit Thibaud par l’épaule, posa un bouchon de bouteille sur sa tête et psalmodia : « Par la vertu de ma baguette, que le bouchon se métamorphose en casque » et le bouchon se changea en casque de protection, puis elle attrapa une feuille de papier et la lui colla sur le dos : « Par la magie de ma baguette, que ce bout de papier se transforme en gilet jaune », et Thibaud se retrouva avec un gilet fluorescent. Elle jeta un regard sur lui pour vérifier et affirma : « Allez, au boulot, tu vas voir de quoi la sorcière Zigoulouboumba est capable, et tu me diras si les sorciers et sorcières, depuis la nuit des temps, ont fait un jour ce que je fais pour vous aujourd’hui ».

En un instant, le garçon se trouva sur le balai, derrière la sorcière. Il eut peur et s’accrocha fermement à son dos. « Fenêtre, ouvre-toi ! » La fenêtre s’ouvrit avec fracas, et le balai se mit à fondre les airs de la ville. Émerveillé par ces lumières, ce paysage qu’il ne voyait pas de la même façon auparavant, il tournait la tête à gauche, puis à droite, jusqu’à ce qu’il entende la sorcière crier : « Regardez-moi ça ! Regardez-moi ça ! » Thibaud baissa la tête et vit un jeune homme, promenant son chien, laisser la crotte de son animal, sans la ramasser et sans se soucier qu’une personne puisse marcher dessus. « Oh ! » s’étonna-t-il, « On verra s’il récidivera après ce que je vais lui faire », elle saisit sa baguette, pointa la crotte du chien et, magiquement, cette dernière se retrouva dans la capuche du jeune homme. « Ah ! Ah ! On verra comment tu vas l’enlever maintenant. Dommage, je n’ai pas le temps d’attendre, pour voir la tête que tu feras quand tu te rendras compte qu’elle est juste derrière ta nuque. » Le balai emprunta un autre boulevard. « Mais qu’est-ce que c’est ces gens-là ? » hurla la sorcière. « Que t’arrive-t-il ? » « Tu ne vois pas ce mal-élevé en train d’uriner contre le mur ?

 Je dois réapprendre à cet irrespectueux comment bien se comporter ! », et elle ressortit sa baguette, la pointa sur le bas du corps de cet individu. Le pantalon du monsieur tomba jusqu’aux chevilles ; il voulut le relever, mais son dos se bloqua, à cause de la magie. On voyait tout : ses fesses, ses jambes, tout, tout. « Allez, Thibaud, on le laisse, la police municipale s’en occupera ! ». À peine s’apprêtait-elle à virer à droite, qu’elle remarqua un passant jetant un mégot par terre, et s’en allant comme si de rien n’était : « Tiens, toi aussi, tronche de cake, ton mégot, tu l’auras dans ta poche, cela t’apprendra que le trottoir est comme chez soi, on ne le salit pas ! » Par magie, le mégot, encore brûlant, prit place dans la poche du jeune fumeur, qui commença à trépigner et à appeler au secours car son vêtement prenait feu. « Ah ! Ah ! Ah !  C’est moi qui vais vous apprendre, ce qu’est la civilité  » « Il fallait les laisser, un jour ils comprendront ! » suggéra Thibaud « Non, il faut leur faire savoir que la rue est comme chez soi. Comme on n’urine pas sur les murs de sa chambre, comme on ne jette pas les mégots sur son canapé ou sur le parquet, on ne doit pas le faire dehors. C’est une question de dignité. On fait ceci

pour soi et non pour avoir une belle image ou une bonne réputation ou une récompense. » Elle continua son chemin, le balai faisait un petit peu mal à Thibaud  : « On atterrit un peu, histoire de me dégourdir les jambes ? » La sorcière aguerrie, et qui ne sentait rien, le fit tourner dans l’air comme une crêpe et le rassit en position plus confortable, et à nouveau, le balai fila dans les airs comme un aigle. Quelques minutes plus tard, le corbeau aperçut un adolescent cracher par terre, alors, il prévint sa maîtresse qui,  grâce à sa magie,  lui remit son crachat sur le front : « On ne crache pas n’importe où, mais dans un mouchoir jetable. »  « Beuuuuurk ! » se lamenta le jeune homme en cherchant dans sa poche un Kleenex pour l’essuyer. La sorcière hurla à son tour : « Et pense à mettre ce mouchoir dans une poubelle, sinon, tu le retrouveras dans ta culotte ! » Thibaud, impressionné par les pouvoirs magiques de sa nourrice, lui demanda : « On peut faire un tour au-dessus de la maison de la maîtresse ? » « Ah ! Ah ! Tu meurs de curiosité de voir si elle fait des choses qu’elle vous interdit en classe, hein ? » « Euhhh, non ! » souffla-t-il.

« Allez, nous allons rentrer, demain tu as école ».

Thibaud était quand même content de la décision sage de la sorcière car, à force de survoler la ville, il commençait à avoir de légers vertiges.

Après quelques ruelles, la sorcière baissa la tête et vit une jeune femme sortir un sac poubelle, qu’elle posa à côté du container. Elle cria en grondant : « Tu es tellement paresseuse que tu ne peux même pas lever un peu les bras et le mettre DEDANS et non à côté ! Eh bien, petite fainéante, tu le retrouveras dans ta chambre à coucher, sur ton lit, même ! » Et en un tour de magie, on ne vit plus le sac, Thibaud éclata de rire en imaginant la tête de la jeune irresponsable, découvrant le contenu du sac poubelle épandu sur son lit.

La nuit fut courte, et voilà que Thibaud devait se lever pour aller à l’école. Heureusement, la sorcière avait déjà fait son cartable, même mis le petit déjeuner sur la table, ses vêtements étaient sur lui sans qu’il ne prît la peine de les enfiler, et hop ! en un tour de magie,  il se vit avec un gilet fluorescent et un casque de protection ; et derechef il partit, ainsi paré, à l’école ! Avant d’arriver au carrefour, la voix de la sorcière retentit : « Qui est cet impoli qui n’a pas encore enlevé son container de la rue ?! Les gens de la collecte sont passés, il y a déjà un moment. Ah, c’est ce monsieur ; il croit que ce sont les gens de la collecte qui doivent lui remettre sa poubelle vide dans la cour ! » Thibaud affirma : « Il veut qu’on le débarrasse de ses déchets et qu’on lui ramène sa poubelle ! » « Pourquoi n’attend-il pas qu’on la sorte, qu’on la vide, qu’on la lave, qu’on l’essuie et qu’on la dépose dans sa cour ? » « Il ne serait pas contre, c’est sûr » « Eh bien, rira bien qui rira le dernier. Il sera ahuri de trouver son container sur le canapé du salon. Ha ! Ha ! Ha ! À nous, tous ceux qui aiment bien faire les malins ! Ha ! Ha ! Ha ! »

Au détour d’une route, le corbeau constata un garçonnet, le cartable sur le dos, en train de lancer des cailloux sur un chat ; il alerta sa maîtresse, qui ne tarda pas à protester : « Eh bien, vilain garçon, tous les cailloux du quartier vont trouver place dans ton cartable, et l’on verra si tu es bien capable de le porter jusqu’à l’école ! » Tout près, ils virent une vieille dame avec des béquilles traverser la route. Les gens ne faisaient pas attention à elle et la bousculaient ; la sorcière en colère, cria contre les passants : « Voulez-vous que je vous casse les pieds pour que vous compreniez ce qu’est une personne handicapée ?! Pour que vous réalisiez enfin qu’il faut aider les gens qui ont des problèmes de santé ?! » Un adolescent lui répondit  : « Elle n’a qu’à engager une personne pour s’occuper d’elle ! » « Mais qu’est-ce que c’est que cette manière de répondre ?! Tiens !! » dit-elle en pointant sa baguette vers lui. Le piéton tomba par terre, et n’arriva plus à se remettre debout ; les voitures klaxonnaient, les conducteurs exprimaient leur impatience de différentes façons. Il mit du temps à se relever, et continua son chemin en boitant. « Tu boiteras pendant une semaine, de cette façon, tu sauras ce qu’est le handicap, et tu ne tarderas pas à assister ceux qui le sont. Irrespectueux, va ! »

Pour la première fois de sa vie, Thibaud arriva à l’école sur un balai, et pas en voiture, en bus ou en vélo comme tous les élèves ! La sorcière atterrit dans la cour, et sans que Thibaud ait le temps de reprendre son souffle, Alexandre, son camarade, s’approcha, et commença à lui asséner des coups de pied ; « Mais qu’est-ce que tu fais ? » « On s’amuse ! » « Non, on ne s’amuse pas en faisant mal à l’autre ! » La maîtresse arriva en hâtant le pas, dit bonjour à la sorcière qui répondit : « Voilà un bon exemple, votre maîtresse fait preuve de civilité » « Mais qu’est-ce qu’elle a fait ? » demanda un élève. « Elle sourit et dit bonjour aux gens qu’elle croise ! » La maîtresse, surprise de voir une sorcière nourrice, étonnée de voir un enfant arriver à l’école sur un balai, l’invita à passer un moment dans sa classe, ce que cette dernière ne refusa pas.

Dès que la cloche sonna, certains élèves, surtout les grands, s’engouffrèrent dans l’entrée et commencèrent à se presser pour être les premiers à s’installer. Alors la sorcière intervint : « Les grands ! Ouvrez la porte et laissez tout d’abord les petits passer, si vous ne voulez pas que je vous transforme en crapauds ! » « Ahhhhhh ! » firent-ils en libérant vite le couloir ; « Pourquoi ? » demanda Thibaud qui s’était habitué à sa nouvelle nourrice. « C’est une forme de civilité et de savoir-vivre. Nous devons avoir des gestes qui nous distinguent des animaux. » Des pleurs se firent entendre, un petit de la maternelle avait trébuché et était tombé, tout le monde passait, et personne ne se donna la peine de l’aider à se relever, alors la sorcière prit la parole : « Quelle honte ! Vous attendez toujours qu’on vous demande de rendre un service ! Il y a des moments où il faut agir sans attendre qu’on vous le demande, le petit est tombé, aidez-le à se relever, c’est simple et cela fait plaisir ! » Les élèves regardèrent stupéfaits la maîtresse, qui confirma : « La sorcière a raison. Il faut faire des petits gestes au quotidien : laisser sa place, attendre son tour, ne pas pointer le doigt sur une personne, aider quand on peut le faire sans rien attendre en retour… » Et un élève un petit peu pénible lui coupa la parole : « Ce sont toujours les enfants qui doivent faire preuve de civilité ! Les adultes font ce qu’ils veulent ! » « Ah non, assura la maîtresse en se retournant ; entre collègues de travail, on fait preuve d’entraide, de politesse, de collaboration, d’empathie, de respect, d’écoute et de soutien. » La sorcière, qui s’était prise pour l’assistante de la maîtresse, ajouta : « Aussi, on ne tond pas la pelouse le dimanche, pour ne pas déranger le voisin, on ne fait pas de bruit la nuit alors qu’il dort, on ne martèle pas le parquet avec ses pieds quand on habite dans un immeuble pour ne pas déranger les gens de l’appartement du dessous, on cède sa place dans le bus à une femme enceinte ou à une personne handicapée, on ouvre la porte aux gens faibles et on les laisse passer en premier. » La maîtresse, qui semblait enthousiasmée, avec un fin sourire, s’approcha d’elle et  chuchota : « Veux-tu me prêter ta baguette magique pour quelques jours ? »

Une  enseignante avec une baguette magique ou un placard plein de potions, on n’en a jamais entendu parler, depuis que l’école a été instituée, mais toutes les maîtresses devraient quand même essayer…

 

 

  • Auteure : Rmili Fatiha
  • Illustration : Rmili Fatiha
  • Date de parution : 19/09/2019
  • Thème :  La civilité
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