Sagesse

Il y a des siècles, un jeune homme, grand, aux épaules larges, aux cheveux dorés, aux yeux luisants, fut élu roi d’une contrée. Malheureusement, son élection n’était due ni à ses origines, ni à sa sagesse, ni à sa fortune… …il faut vous dire qu’en ce pays, il y avait bien plus de jeunes femmes que de jeunes hommes, et comme mais, il y avait plus de jeunes femmes que d’hommes, et vu qu’il avait un physique séduisant, toutes les filles avaient voté pour lui.

Le jeune roi, fier de son apparence, prit ses devoirs avec une grande indifférence et paresse, mais ne s’attardait jamais pour fêter un événement… Ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était inviter toutes les jolies filles au palais et dépenser pour son vestimentaire sans compter. « Après tout, le peuple veut que je règne, alors c’est à lui de répondre à mes besoins, sinon je m’en vais… » pensait-il. Parfois, il se faisait entourer de plusieurs couturiers, s’affairant tous autour de lui, pour lui prendre ses mesures, et lui confectionner les plus beaux vêtements, avec de très rares tissus, qu’il faisait venir d’Inde, de la Perse et de plusieurs autres pays lointains. Le jour des réunions, il n’était jamais là pour discuter des problèmes de ses sujets, avec les ministres et les chefs de guerre ; il préférait aller à la chasse, avec les plus belles filles et les plus laids garçons du royaume.

Un jour, sur son cheval, suivi comme à l’accoutumée de très belles femmes en premier, et quelques désagréables cavaliers, mais forts et aguerris, en deuxième plan, il passa à côté d’un vieil homme, et fut surpris de le voir en train de planter des pousses de pommiers. « Tiens, pauvre vieux, j’ai eu envie de rire aujourd’hui, et voilà, je suis bien servi, ha, ha, ha » se moqua-t-il.

L‘homme âgé, sans enfants, sans proches, avança de quelques pas, fit une petite révérence et demanda : « Qu’ai-je fait de si drôle, notre roi bien-aimé, pour vous faire rire à ce point ? » « À votre âge, vous êtes encore en train de planter des pousses de pommier ?! Le temps qu’il leur faut pour donner des fruits, vous serez à mille lieues de la vie ! ». Puis, il se tourna vers les jolies femmes, et continua : « Il va se faire avoir. Lui, il trime, et ceux qui arriveront vont profiter de son labeur sans coup férir, ha, ha, ha ». Les filles répondirent par un long rire de moquerie pour lui faire plaisir. Le vieillard baissa la tête un moment, puis se redressa et dit d’une voix pleine de sagesse : « Les fruits que j’ai consommés durant ma jeunesse, ce sont les vieux qui les ont plantés, et c’est à mon tour de planter, pour que ceux qui viendront après moi, consomment comme j’ai consommé ». Le roi insoucieux des problèmes de base de son peuple, resta stupéfait un moment. Il venait de recevoir un coup de fouet d’un simple sujet, une bonne leçon de vie, mais fort heureusement, il ne se fâcha pas, au contraire, il accorda au monsieur une bourse remplie de pièces d’or, et mit à sa disposition des guerriers, jeunes, aux forts biceps pour l’aider à terminer ses plantations.

 

  • Auteur : Rmili Fatiha
  • Date de parution : 19/03/2017
  • Thème : La responsabilité/ Le travail
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