Hanté !

Résumé :

Jade Smith, un jeune écrivain de 27 ans, diplômée de la Queen Mary University de Londres, où elle est restée presque deux ans après ses études, part s’installer dans un manoir à la campagne, près de Wortonnon,  car la verdure et le silence lui manquent… 

Bonjour, je suis Jade, Jade Smith, j’ai 27 ans. Je suis écrivain. Je ne suis pas mariée et je n’ai aucun enfant. D’ailleurs, je ne fréquente personne, et suis plutôt du genre solitaire. J’ai fini mes études il y a six ans, et je suis sortie diplômée de la Queen Mary University de Londres. Je suis restée près de deux ans après mes études dans cette ville, mais j’ai ensuite opté pour la campagne, car la verdure et le silence me manquaient. Je suis donc partie à Wortonnon, loin de Westbury, et j’ai acheté un manoir.

Cela fait maintenant quatre années que j’habite ici, le manoir est en retrait de la route, avec un long sentier menant à un portail en fer forgé, grinçant à chaque ouverture. Mon habitation est une vieille bâtisse aux briques rouges comportant trois étages, en comptant le grenier et une tour rattachée à l’aile ouest, il y a aussi un grand jardin de deux hectares environ. Au rez-de-chaussée, on compte six pièces, deux chambres dont la mienne, une salle de bains, que j’ai dû faire refaire, une salle à manger, une cuisine et un salon.

Avant d’habiter le manoir, j’ai rénové la toiture et les planchers, à vrai dire, si j’ai pu me le permettre, c’est que je n’ai pas acheté la demeure cher. J’avais un budget de deux cent mille euros, grâce à la vente de mon premier livre. Quand j’ai repéré cette maison, j’étais surprise de voir qu’elle ne coûtait que cent mille euros, je pouvais donc me permettre quelques folies. J’aurais voulu m’y installer avec ma famille, mais quand ils ont su que je partais faire mon université à Londres et non à Lyon, ils m’ont mise à la porte ; mais je garde le contact avec ma petite sœur, que j’espère revoir bientôt.

Dès mon arrivée, j’ai défait donc les cartons, j’ai inspecté et ai nettoyé le rez-de-chaussée ; cela a duré une bonne semaine, mais je n’ai pas pris la peine de monter aux autres étages. J’ai préféré travailler sur mon nouveau livre : Sans Toi, un roman d’amour perdu, je n’étais pas loin de la fin, et j’espérais bientôt le publier. Un soir, en quête de lecture, j’ai décidé d’aller me servir dans la bibliothèque, car les anciens propriétaires avaient laissé leurs livres, à mon plus grand plaisir.

L’endroit était plongé dans un noir profond et impénétrable, j’ai ouvert donc les rideaux au plus grand bonheur de mes yeux : la pièce était sale, mais je l’ai nettoyée rapidement, j’ai été prise de court en voyant le choix qui m’était offert, je dirais qu’il y avait des centaines et des centaines de livres, certains étaient en latin, d’autres en grec ; au-dessus de chaque rangée se trouvait le nom de la catégorie, je me suis dirigée vers celle où était inscrit « DROIT », j’avais besoin de renseignements, car l’héroïne de mon livre était avocate. J’ai saisi Les règles en droit, et j’ai remarqué que le fond de la bibliothèque était cassé, je me suis penchée alors pour voir à travers, et ai découvert une pièce avec un lit, mais je n’ai pas pu voir autre chose, mon champ de vison était limité par ce petit trou. Je me suis relevée, et ai entrepris de tirer la bibliothèque, elle a cédé facilement.

J‘ai découvert une vieille pièce avec un lit, un bureau et des tonnes de cartons, je les ai ouverts un par un : les premiers étaient remplis de jouets ; quand je suis arrivée au septième, j’ai trouvé des cadres et des albums, j’ai ouvert un album, je ne pouvais croire mes yeux, j’étais sur une photo, avec une autre petite fille qui me ressemblait énormément, et vêtue d’une robe comme celle que je portais, enfin « deux moi » ! Nous étions sur les genoux de deux personnes âgées, que je ne connaissais pas, et que je n’avais jamais rencontrées, j’ai pris la photo, et l’ai tournée, il était inscrit : « Aiden, Karen, Lola et Jade Smith », il y avait des prénoms dont le mien, et un seul nom, celui de notre famille, des gens que je n’avais jamais vus auparavant ! J’ai couru jusqu’à mon ordinateur, et ai tapé le nom de mes grands-parents, morts de vieillesse, j’ai écrit le prénom et nom de cette autre « moi », dont je n’avais jamais entendu parler, je n’ai rien trouvé, peut-être était-ce un montage ?! J’étais quand même préoccupée. Je suis descendue au rez-de-chaussée, je me suis mise à table et ai entamé mon déjeuner ; deux minutes plus tard, un courant d’air a soufflé dans mon cou, j’ai aperçu la fenêtre de la cuisine ouverte ! Bizarre, je ne me souvenais pas l’avoir ouverte. Je l’ai refermée et ai repris place à table, puis je me suis mise à regarder la télévision, quand les plombs ont sauté ; puisque le compteur était dans la cave, je me suis contentée d’allumer les bougies, et ai commencé à lire le bouquin sur le droit. Mais il était tellement long, ennuyeux, que je l’ai refermé, et suis partie me coucher. Après de longues minutes passées à réfléchir, je suis tombée dans les bras de Morphée.

La lueur du soleil m’a réveillée, et je me suis dirigée vers la cuisine pour déjeuner, je suis partie ensuite prendre un bain, l’eau chaude m’a fait un bien fou ; je me suis laissée couler au fond de la baignoire, et n’entendais plus que des bulles d’air, qui émettaient un bruit, chaque fois qu’elles étaient en contact avec l’air de la salle. Au fond de l’eau, très détendue, j’ai entendu soudainement des voix, et me suis relevée d’un coup, suis sortie précipitamment, des gouttes ruisselant le long de mon corps. Je me suis enveloppée d’une serviette, et ai quitté la salle précipitamment, je suis passée par la cuisine, et ai saisi un couteau pour me défendre en cas de besoin. Les éclats de voix venaient du salon, j’y ai bondi telle une panthère, mais je n’ai rien trouvé ; plus étonnant : la télévision était allumée, alors que j’étais certaine de l’avoir éteinte. J’avais l’impression de devenir folle, peut-être s’était-elle mise en marche toute seule ? Je l’ai éteinte une seconde fois, et suis partie m’habiller.

Après m’être coiffée et parfumée, j’ai eu envie de consulter les albums de photos, mais je ne les ai pas trouvés dans ma chambre ni dans aucune autre pièce de mon étage. Je suis montée alors à la bibliothèque du deuxième, et ai pénétré dans la petite chambre. Tous les bagages que j’avais déballés étaient rangés minutieusement dans leurs cartons ! J’en ai ouvert quelques-uns, et vu la photo de nous quatre, les deux “moi”, et les deux personnes âgées, j’ai perdu pied, j’ai eu des vertiges, la peur a pris le contrôle de mon corps : cette fois, je ne rêvais pas, je n’avais pas remis les affaires dans les cartons, et cela s’était fait tout seul. J’ai couru sans aucune destination précise, pendant quelques secondes, puis me suis arrêtée, ai soufflé un bon coup, l’adrénaline est redescendue, et mon rythme cardiaque est revenu à la normale. J’ai choisi un livre romantique, et ai pris plaisir à le lire, pendant quelques heures. Quand j’ai fermé mon bouquin, la nuit avait pris possession de notre monde, et j’ai jugé prudent de ne pas la passer toute seule ici.

J‘ai refait mes valises, et ai pris les escaliers. Je me suis sentie suivie, mon cœur a commencé à battre à toute allure, j’ai pris mon courage à deux mains, et ai continué à descendre. Après quelques marches, j’ai senti un souffle sur ma nuque, je me suis arrêtée net, ai regardé derrière moi, un souffle froid comme l’hiver qui glace le sang, je me suis préparée dans un laps de temps à ce que mon regard tombe sur celui de je ne sais qui ou quoi, mais à ma grande surprise, je n’ai rien vu du tout : le vide. La terreur s’est emparée de moi, des frissons ont couru le long de ma peau, des perles de sueur sont apparues sur mon front, et ont glissé lentement vers le bas, je ne comprenais rien, et je ne voulais plus rien d’autre que quitter les lieux, le quitter, celui qui me suivait, qui avait allumé la télévision, après que je l’avais éteinte, qui avait fait du bruit, qui avait réemballé mes affaires, et peut-être était présent, quand je me trouvais dans ma baignoire ! Heureusement qu’il n’avait pas augmenté la température de l’eau, ou avait fermé à double tour la porte. Mon Dieu, le seul fait d’y penser double mon rythme cardiaque. Mais que voulait-il me dire ? Ne voulait-il pas que je reste dans son domaine, ce beau manoir, dont j’avais toujours rêvé ?

J‘ai pris le vestibule, traînant derrière moi ma valise, et m’attendant à tout instant à une autre surprise, une fenêtre s’ouvrant, un vase tombant, un lustre vibrant. Je respirais à peine, et hâtais le pas. Arrivée à la porte, j’ai tourné la poignée, enfin dehors ! À peine me suis-je tournée pour refermer derrière moi, que la porte a claqué, comme si on attendait mon départ… Je me suis éloignée de quelques pas, et ai levé les yeux vers le manoir, sans peur, et même avec l’intention d’y revenir, mais pas toute seule, la prochaine fois.

  • Auteur : Lou Anne
  • Pays : France
  • Âge : 14 ans (l’auteur a 14 ans)
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