Paolo le roux

Paolo était un petit garçon roux, qui ne disait pas de gros mots. Un jour, il prit un seau et alla chercher de l’eau au petit ruisseau. Il rencontra un petit veau, qui mangeait un artichaut. Le petit veau lui assura qu’il ne serait jamais beau, s’il disait des gros mots, et qu’il aurait le nez de Pinocchio, ce petit garçon en bois, qui désobéit et s’enfuit.

Paolo retourna alors chez lui, tout ahuri, et dit à sa maman que c’est riquiqui, de répéter de méchants mots à autrui. Sa maman se réjouit de la conduite de son fils épanoui, et lui assura que dans la nuit, quand les petits enfants qui ne disent pas de gros mots s’ennuient, une petite créature jaillit, pour leur raconter une histoire inouïe

Cette nuit-là, Paolo se mit au lit sans faire de bruit, et attendit que la petite voix éblouie, vienne lui raconter une histoire inouïe, car il était poli, et ne disait aucun gros mot, qu’il entendait dans la rue. Cui ! cui, cui, la petite voix s’introduit dans sa petite chambre sombre et s’assit. Stupéfait, il attendit, et elle, souriante, réussit à lui dire un mot gentil, qui l’adoucit, puis commença son histoire rare :

Il était une fois un menuisier apprécié par tous les cavaliers, mais il s’ennuyait. Il décida alors de créer un enfant qui serait choyé dans son foyer, et se lança avec des pas fermes dans son atelier, où il prit des morceaux de bois printaniers, un chapeau, des souliers, et hop, au travail et aux attirails.

Il façonna d’abord les pieds, et leur mit de beaux souliers, puis les mains, et leur mit la montre de Sylvain, le voisin, puis le buste, et lui mit la chemise d’Auguste, le voyagiste, puis réfléchit à une tête coquette et se dit : « Non, je veux une tête bien remplie, qui réfléchit, réussit, et surtout obéit », et prépara une tête toute ronde et blonde. L’enfant ne bougeant pas, notre menuisier s’inquiéta : « Ah, tiens, il manque le nez, et il sera parfait », et posa un bout de bois prêt à l’emploi. L’enfant ne bougeant toujours pas, le menuisier s’attrista : « Oh, je n’aurai jamais personne pour me tenir compagnie ! » Et tiens, il remarqua qu’il lui manquait les yeux, et lui mit une prune sèche au côté droit et une autre prune sèche au côté gauche. Cette fois l’enfant le fixa, mais ne bougeait toujours pas. « Qu’est-ce qu’il te faut encore, ah, peut-être un chapeau, tiens, je te mets celui de Bruno, le moineau ». Mais l’enfant continua à le fixer très vexé. « Ah, oui, ne m’en veux pas petit, j’ai oublié une touche qui ne doit pas être farouche ». Et découpa la bouche : « Et voilà, tu es terminé, bonjour mon petit ! ». Le petit enfant fit une grimace, bondit sur ses pieds, et s’enfuit de l’atelier en criant : « Je ne veux pas rester prisonnier, chez le menuisier !» 

À la fin de l’histoire, Paolo dormait déjà, en rêvant d’un monde, où les enfants ne répétaient pas de gros mots, ni de méchancetés, entendus à l’école ou dans la rue.

 

  • Autrice : Rmili Fatiha
  • Illustration : Hamza 
  • Date de parution : 19/03/2017
  • Thème : La bonne conduite / Le langage/ Choix des mots 
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