Résumé :
Charles qui n’a pas vu son père depuis des décennies, et n’a même pas assisté à l’enterrement de sa mère, va vivre des évènements éprouvants, et réalisera que les beaux moments sont ceux qu’on passe près de ses parents…
Dans une région montagneuse et reculée, résidait un vieil homme fluet, au visage mélancolique et plein de rides. Il demeurait esseulé et ne parlait à personne, car il avait quasiment perdu l’usage de la voix.
Un jour, il eut mal partout dans son corps, et comprit que la mort était bien là pour l’emporter… Il pria, pria et supplia le bon dieu pour qu’il lui donne l’occasion de converser au moins avec une personne avant de rendre l’âme. Son vœu fût exaucé : Il entendit toquer à la porte. C’était Charles, son fils unique qu’il n’avait pas vu depuis des décennies.
Charles resta avec son père une semaine. Il lui préparait à manger, lavait ses vêtements, lui faisait de bonnes tisanes, mais en vain, le visage du vieil homme ne faisait que blêmir. Quelques jours plus tard, il s’éteignit dans les bras de son fils.
Dans un chagrin ineffable, il enterra son papa, et revint prendre quelques souvenirs avant de retourner chez lui. En fouillant ici et là, ses regards tombèrent sur un vieux bracelet enfoui dans un coffre. Après de longues minutes d’hésitations, il le saisit et le mit dans sa poche.
Aussitôt, il entendit un tintamarre. « Mais qu’est-ce que c’est ? »
Pris d’une épouvante, il descendit les escaliers par quatre marches. Il inspecta tous les recoins de la maison, mais ne trouva rien d’inquiétant. Dès qu’il se retourna pour remonter dans le grenier, il entendit comme un hurlement de loup, il s’arma alors d’une massue et se dirigea vers la source du bruit, et une autre fois, il ne vit rien. Il prit son sac, et claqua la porte derrière lui.
Sur sa route, il passa à travers une forêt brumeuse, avec beaucoup de végétations. Anéanti à cause du départ de son papa et bouleversé par tout ce qu’il était en train de vivre, il s’assit sous un arbre pour se reposer, mais il s’endormit profondément. Dans son sommeil, il vit un chamane :
– Que vous arrive-t-il jeune homme ?
– Le départ de mon papa m’a atterré.
– Il n’y a pas que le décès de ton père qui vous anéantit ?
– Comment ?
– Vous portez la malédiction en vous !
– De quelle malédiction parlez-vous ?
Affolé, il se leva en sursaut, son front dégoulinait de sueur, son cœur battait très fort. Il reprit son chemin.
Sur son chemin, il croisa un vieil homme qui ressemblait à son papa. Le jeune homme voulut engager la conversation avec lui, mais ce dernier poussa un grand cri de terreur : il prit ses jambes à son cou, comme s’il avait vu un monstre. Charles ne comprit rien, la tête baissée, il continua à marcher rapidement pour rentrer chez lui.
Dès son arrivée, il s’affala sur son lit. Il se sentit tellement épuisé, qu’il ne put même pas embrasser ses enfants qu’il adorait.
Le lendemain, des douleurs atroces se firent sentir au niveau de son abdomen et des blessures apparurent au niveau de son visage. Il n’arrivait plus à se mettre debout. Le malheur, c’est que même son épouse et ses enfants commencèrent à tomber malades les uns après les autres, et personne n’était là pour les secourir.
Quelques jours plus tard, il se souvint du chamane et de ses paroles. Il réfléchit et se demanda : « Mais qu’est-ce qui pourrait me porter tous ces malheurs ? Papa ? Ces vêtements que j’ai apportés ? » Puis, comme un fou, il tira le bracelet enfoui dans le fond de sa poche, et courut, comme un cheval jusqu’à des lieux de chez lui. Il se débarrassa du bracelet en le projetant violemment dans un puits.
En rentrant chez lui, sa famille était en bonne santé, il s’approcha, se contempla dans un miroir, il ne vit plus les entailles affreuses qui marquaient son visage. Il se regarda plus longtemps, et découvrit qu’il ressemblait beaucoup à son papa. Des larmes lui inondèrent les yeux, il sortit de chez lui, avec des pas lents, s’assit sous un arbre, éreinté par tout ce qu’il était en train de vivre. Il ferma les yeux, le chamane surgit :
– Que t’arrive-t-il jeune homme ?
– Le bracelet était maudit. Il allait me tuer ainsi que ma famille.
– Si tu avais passé plus de temps avec ton papa, tu aurais su le secret de ce bracelet que portait ta maman, morte d’un terrible accident.
– Maman est morte d’un terrible accident ? Comment ?
– La valeur des parents est inestimable.
– J’ai beaucoup de soucis : mes enfants à nourrir, ma femme à protéger, mon troupeau, mes terres…
– Tout peut être récupéré, endommagé, reconquit, rattrapé sauf le temps que tu dois passer avec tes parents.
Le chamane disparut comme il avait apparu. Charles ouvrit les yeux, regretta de ne pas s’être occupé de ses parents, comme ils s’étaient occupés de lui. Avec des gestes lugubres, il raconta toute l’histoire à sa famille. Ses enfants touchés par l’histoire, jurèrent à leurs parents, de ne jamais les abandonner, et de les aider quand ils auraient besoin d’eux.
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